Incidence de l'alimentation en eau de la vigne, appreciee par l'etat hydrique du feuillage, sur le developpement de l'appareil vegetatif et la maturation du raisin (Vitis vinifera variété Cabernet franc, Saint-Emilion 1990)
Abstract
Dans huit parcelles de l'A.O.G. Saint-Emilion, dont certaines possèdent une nappe d'eau à portée des racines, nous avons étudié le régime hydrique par des mesures du potentiel hydrique foliaire au cours d'un été chaud et sec (1990) sur le cépage Cabemet franc. Ce potentiel est faiblement négatif sur les sols avec une nappe d'eau, ce qui indique que l'alimentation en eau de la vigne n'y est pas ou peu limitée. Il est fortement négatif à partir de la véraison sur les sols sableux à sous-sol très argileux et le plus fortement négatif sur un sol graveleux. Dans une parcelle située sur le calcaire à Astéries, le potentiel foliaire est assez fortement négatif au moment de la véraison, mais la diminution ne se poursuit pas jusqu'au moment des vendanges.
La plupart des caractéristiques viticoles et oenologiques que nous avons mesurées sur les différentes parcelles sont corrélées avec les valeurs du potentiel foliaire. Sur les sols où l'alimentation en eau de la vigne est abondante, le cycle phénologique de la vigne est plus tardif, la vitesse de croissance et la longueur totale des rameaux sont plus importantes et le poids des bois de taille est plus élevé. En revanche, la puissance et la vigueur des souches sont plus faibles si l'alimentation en eau est limitée. Sur les sols avec une nappe d'eau, le poids des baies est plus élevé, les raisins sont moins riches en sucre, en anthocyanes et en composés phénoIiques et plus riches en acide malique par rapport aux sols qui induisent un déficit hydrique. Cet état de fait traduit un potentiel oenologique moins intéressant.
Ces observations soulignent l'importance de l'alimentation en eau de la vigne, en zone tempérée, sur le comportement de la vigne et l'intérêt d'un régime hydrique modéré pour l'obtention d'un fruit de bonne qualité oenologique.